miércoles, 8 de julio de 2009

Le serpent qui danse





Que j'aime voir, chère indolente,
De ton corps si beau,
Comme une étoffe vacillante,
Miroiter la peau!

Sur ta chevelure profonde
Aux acres parfums,
Mer odorante et vagabonde
Aux flots bleus et bruns,

Comme un navire qui s'éveille
Au vent du matin,
Mon âme rêveuse appareille
Pour un ciel lointain.

Tes yeux où rien ne se révèle
De doux ni d'amer,
Sont deux bijoux froids où se mêlent
L’or avec le fer.

A te voir marcher en cadence,
Belle d'abandon,
On dirait un serpent qui danse
Au bout d'un bâton.

Sous le fardeau de ta paresse
Ta tête d'enfant
Se balance avec la mollesse
D’un jeune éléphant,

Et ton corps se penche et s'allonge
Comme un fin vaisseau
Qui roule bord sur bord et plonge
Ses vergues dans l'eau.

Comme un flot grossi par la fonte
Des glaciers grondants,
Quand l'eau de ta bouche remonte
Au bord de tes dents,

Je crois boire un vin de bohême,
Amer et vainqueur,
Un ciel liquide qui parsème
D’étoiles mon coeur!

Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal



La serpiente que danza

¡Cuánto gozo al mirar, dulce indolente,
Tu corpóreo esplendor
Como si fueran seda iridiscente
Tu piel y su fulgor.

Y sobre tu profunda cabellera
De un ácido aromar
-Cual un mar errabundo, sin ribera,
En azul ondular;

Como bajel que despertó del sueño
Al viento matinal,
Lanzo mi alma en soñador empeño
Hacia el piélago astral.

En tu mirada que nada revela
De dulzura ni hiel,
Mezcla de oro y hierro se congela
Para el doble joyel.

Mirando la cadencia con que avanzas
Bella de lasitud,
Dijéranse las serpentinas danzas
Al ritmo del laúd.

Agobiada de un fardo de molicie
Tu cabeza infantil
Se balancea como en la planicie
Una leona febril.

Y tu cuerpo se inclina y se distiende
Como un ebrio bajel,
Y va de borda en borda mientras hiende
Las aguas su proel.

Cual la onda engrosada por las fuentes
Del rugidor glaciar ,
Cuando asoman al filo de tus dientes
Espuma y pleamar,

Creo beber un vino -sangre y llama,
Sima y elevación-,
Un vino que me inunda, que me inflama
De astros el corazón.

Versión de Carlos López Narváez

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